On ne dit pas j’ai crevé

Et si on commençait par la fin ? Qu’est ce qui se passe quand la machine s’est arrêtée ? Le cœur, la respiration, la pensée. Sur scène, une morte toute fraîche découvre avec étonnement ce qui se passe désormais pour son corps sans vie. Elle le promène d’un espace à l’autre tout en observant ce qui se passe du côté de ses proches, toujours vivants. Et si on se disait que regarder tout ça en face nous permettait de mieux vivre ?

Et là vous êtes morts de rire… et ça met tout le monde mal à l’aise … Non ! On ferme les paupières et on passe au maquillage.

Un espace blanc immaculé, une table en inox à roulettes, une enseigne lumineuse avec le mot FIN, un costume color-block, une paire de baskets Reebok fitness, une couronne de fleurs.
Où sommes-nous ? Dans la chambre mortuaire, au funérarium, au cabaret ou dans les limbes ? Permettons-nous pour une fois d’imaginer ce qu’une morte pourrait vivre juste après qu’a sonné le glas. Réjouissons-nous d’être en vie en célébrant la mort !

Ce corps bien vivant et pourtant mort, dégingandé virevolte dans l’espace quasi-vide. Puisque cette morte insiste sur le fait qu’elle ne bouge plus, qu’elle ne ressent rien, je la fais au contraire jouer avec cette enveloppe vide de toute sensation. Le corps de non-danseuse assumé d’Enora Boëlle cherche alors pleinement dans la vie des états de corps mort.